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CHAPITRE III.

99. C’est là, ô Çâriputtra, le sceau de ma loi, de cette loi que j’expose aujourd’hui, sur la fin de mon existence, pour le bien de l’univers réuni aux Dêvas, Enseigne-la donc dans les dix points de l’espace et dans toutes les régions intermédiaires.

100. Et si, pendant que tu enseigneras, un être quelconque venait à te dire ces paroles : "J’éprouve de la joie de ce discours ; " s’il recevait ce Sûtra avec un signe de tête [respectueux], considère cet être comme incapable de se détourner de son but.

101. Il a vu les anciens Tathâgatas, et il leur a rendu un culte ; et il a entendu une loi semblable à celle que j’enseigne, celui qui a foi dans ce Sûtra.

102. Il nous a vus, moi, toi et tous ces Religieux qui forment mon assemblée ; il a vu tous ces Bôdhisattvas, celui qui a foi en mes paroles éminentes.

103. Ce Sûtra est fait pour troubler les ignorants, et c’est pour l’avoir compris avec mon intelligence pénétrante que je l’expose ainsi ; en effet, ce n’est pas là le domaine des Çrâvakas ; ce n’est pas là non plus la voie des Pratyêkabuddhas.

104. Tu es plein de confiance, ô Çâriputtra, et n’en dois-je pas dire autant de mes autres Çrâvakas ? Eux aussi, ils marchent pleins de confiance en moi ; et cependant chacun d’eux n’a pas la science individuelle.

105. Mais n’expose pas cette doctrine à des obstinés, ni à des orgueilleux, ni à des Yôgins qui ne sont pas maîtres d’eux-mêmes ; car ces insensés, toujours enivrés de désirs, mépriseraient, dans leur ignorance, la loi qu’on leur dirait.

106. Quand on a méprisé mon habileté dans l’emploi des moyens, qui est la règle des Buddhas, perpétuellement subsistante dans le monde ; quand, d’un regard dédaigneux, on a méprisé le véhicule [des Buddhas], apprenez le terrible résultat qu’on en recueille en ce monde.

107. Quand on méprise un Sûtra comme celui-ci, pendant que je suis dans ce monde ou quand je suis entré dans le Nirvâṇa complet, au quand on veut du mal aux Religieux, apprenez de moi le résultat qu’on recueille de ces fautes.

108. Dès que de tels hommes sont sortis de ce monde, l’Avîtchi est le lieu où ils résident pendant des Kalpas complets ; puis au bout de nombreux moyens Kalpas, ces ignorants meurent encore dans cet Enfer.

109. En effet, après qu’ils sont morts dans les Enfers, ils en sortent pour renaître dans des matrices d’animaux ; faibles et réduits à la condition de chien ou de chacal, ils deviennent pour les autres des objets d’amusement.

110. Alors ils revêtent une couleur ou noire ou tachetée ; ils sont couverts d’éruptions cutanées et de blessures ; ils sont faibles et dépouillés de poils, et ils ont de l’aversion pour l’état suprême de Bôdhi, qui est le mien.