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APPENDICE. — N° XXI.

Cette énumération, qui se nomme paḡkti, procède, comme on le voit, par la multiplication de chaque terme par dix : un, dix, cent, etc. ; comme les énumérations précédentes, elle repose sur le système décimal. Je ne suis pas sûr d’avoir bien rétabli le purboot de l’Ayeen akbery ; la liste originale donne pour ce nom celui de niyuta, le million. J’ai rétabli l’expression de vrinda, le billion, qui manquait par erreur dans l’Ayeen akbery ; sans cette restitution, on n’aurait que dix-sept dénominations dans la série, au lieu de dix-huit qu’annonce l’Ayeen akbery lui-même, et l’on passerait sans intermédiaire de l’unité suivie de huit zéros, à l’unité suivie de dix zéros, ce qui romprait la régularité de la série. L’énumération de Râdhâkânta Déva, au lieu de djaladhi « l’océan, » a sâgara, ce qui n’est qu’un synonyme exprimant la même idée.


XXI.
COMPARAISON DE QUELQUES TEXTES SANSCRITS ET PÂLIS.

Le sujet auquel je me propose de toucher ici aurait besoin, pour être traité avec les développements convenables, non de quelques pages seulement, mais d’un livre étendu. Il s’agirait, en effet, de suivre pas à pas les deux collections buddhiques reconnues pour être d’origine indienne, à la fois dans leurs divisions principales et dans les détails les plus délicats de leur rédaction, en les envisageant en même temps sous le double rapport du fonds et de la forme. De cette comparaison attentive, il devrait sortir une critique des autorités écrites du Buddhisme, qui, conduite avec la circonspection et l’indépendance que des esprits supérieurs ont déjà su appliquer à d’autres monuments religieux de l’ancien monde, jetterait infailliblement les plus vives lumières sur le rapport mutuel des deux collections du Népâl et de Ceylan, sur leur développement et leur âge, en un mot sur les idées fondamentales du Buddhisme et sur les lois qui ont présidé ici à leur transformation, ailleurs à leur fixation définitive ; les unes, prolongeant jusqu’à des époques voisines de nous une élaboration dans le travail de laquelle disparaît le principe primitif, les autres, arrêtant à une époque déjà ancienne la rédaction authentique des livres canoniques, pour s’en tenir désormais à un travail de commentaires et de gloses qui ne se permet pas la moindre addition à la pensée originale.

Je n’ai pas besoin de dire qu’une pareille comparaison est actuellement impossible. Nous manquons des éléments nécessaires pour la mener à fin, tant du côté du Népâl que de celui de Ceylan. Il y a plus ; il arriverait qu’une bibliothèque européenne viendrait à réunir sur ses rayons les deux collections complètes du Nord et du Sud, que je douterais encore qu’il fût actuellement possible d’exécuter la comparaison dont je viens d’indiquer sommairement l’objet. Avant de critiquer cette masse considérable d’ouvrages, il faudrait les étudier, puis les placer sous les yeux du public, et, pour ce faire, les publier, les traduire et les commenter. Cette œuvre, plus longue que difficile sans doute, aura besoin pour être achevée du concours de plusieurs hommes patients et instruits ; et c’est seulement