Page:Burnouf - Méthode pour étudier la langue grecque, 1836.djvu/12

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se trouve à la page 119 donnera une idée de la manière dont j’ai classé et divisé les verbes. Cette division m’a donné le moyen d’établir des règles positives, et qui ne souffrent aucune exception. Elle a en outre l’avantage de présenter les choses séparément et sans confusion, en commençant toujours par les plus faciles.

On comprendra aisément d’après cela pourquoi je n’ai point choisi τύπτω pour modèle de la conjugaison. Mais comment ce verbe s’est-il arrogé d’abord, et a-t-il conservé si long-temps le privilège exclusif de tourmenter la jeunesse, et, je dirai presque, de lui fermer dès les premiers pas l’entrée de la grammaire ? C’est à quoi n’ont peut-être pas réfléchi tous ceux qui, depuis des siècles, le répètent dans les livres élémentaires, par la seule raison qu’on l’y a mis avant eux. On l’a choisi, parce qu’on voulait absolument avoir huit temps, et que lui seul, dans toute la langue, les fournissait d’une manière assez régulière, et sans barbarismes trop choquants. Encore aurait-on dû avertir que l’aoriste second actif ἔτυπον ne se rencontre pas dans l’usage (Buttm., pag. 196), au moins en prose, et n’est guère là que pour correspondre à l’aoriste second passif ἐτύπην.

On a donc voulu faire un paradigme qui contînt toutes les formes possibles et répondît à tous les cas. Ne valait-il pas mieux en faire un sur lequel on pût conjuguer le plus grand nombre de verbes possible ? τύπτω, si l’on veut, présente les huit temps ; mais quel verbe conjuguerez-vous sur τύπτω pour qu’il ait exactement ces huit temps ? Forgerez-vous donc à volonté ceux qui manquent ; et votre tableau de huit temps sera-t-il une mesure invariable, à laquelle il faudra que tout verbe s’accommode bon gré mal gré ? Il est plaisant de voir l’élève qui a commencé à conjuguer par τύπτω, chercher l’aoriste second de παιδεύω, de κλείζω, d’ὁρίζω, enfin de plus des sept huitièmes des verbes grecs. Rien de si irrégulier que cette langue, si l’on s’obstine à voir huit temps dans chaque verbe ; rien au contraire de si simple et de si bien ordonné, si l’on se borne à considérer