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AVERTISSEMENT
SUR LA SIXIÈME ÉDITION (1819).


Depuis la première édition de cette méthode, je n’ai rien négligé pour la rendre de plus en plus digne de l’accueil qu’elle a reçu dans presque tous les collèges de France. Les fautes typographiques ont successivement disparu ; des incorrections de style ont été redressées ; de courtes additions, fondues dans une foule de paragraphes, présentent soit de nouveaux exemples, soit de nouvelles remarques. Enfin de nombreux renvois d’un § à un autre facilitent les rapprochements et mettent plus d’unité entre les diverses parties de l’ouvrage. Cependant aucun chapitre, aucun article, aucun chiffre n’a été déplacé. La pagination même n’a plus varié depuis la seconde édition : de sorte que les élèves d’une même classe peuvent suivre, sans aucun inconvénient, des éditions différentes. Sans en dire davantage sur ce sujet, qui est tout de forme, nous ajouterons ici quelques réflexions propres à confirmer ou à rectifier certains points de doctrine.

En fondant la conjugaison sur la distinction du radical et de la désinence, nous avons énoncé une vérité incontestable, et qui fait évanouir à jamais tout ce vain échafaudage de figuratives, de pénultièmes, de treize conjugaisons, qui embarrasse les anciennes grammaires. Mais en disant que le radical est invariable de sa nature, nous avons avancé une proposition restreinte par son énoncé même, et par conséquent susceptible de nombreuses exceptions. En effet, si l’on considère φιλε comme radical de φιλέω, on voit que dans beaucoup de temps il se change en φιλη.

Il en est de même des verbes en αω et en οω.

Que dirai-je de τρέπω, dont le radical est successivement τρεπ, τραπ, τροπ (τρέπω, ἔτραπον, τέτροπα) ?

Admettrons-nous avec quelques auteurs trois primitifs différents ? A quoi bon ? Et quelle facilité en résulterait-il pour la conjugaison ? Les Allemands rapportent-ils à trois thèmes différents les trois formes du verbe qui signifie mourir, sterbe, starb, gestorben ? Et en latin explique-t-on par deux primitifs capio et cepi, tango et tetigi ? Non ; c’est le même radical diversement modifié. Λείπ-ω, ἔ-λιπ-ον, λέ-λοιπ-α ; φεύγ-ω, ἔ-φυγ-ον ; λανθάν-ω, ἔ-λαθ-ον, λέ-ληθ-α, nous présentent également leurs radicaux sous des formes variées. Ce sont ces modifications du radical qui font paraître irréguliers un si grand nombre de verbes ; car les désinences suivent partout une loi invariable.

Quel fil guidera le grammairien dans ce labyrinthe ? Cette régularité même des désinences. Qu’il s’attache à les bien faire connaître, et à montrer comment elles influent sur la dernière consonne du radical. Quant aux altérations