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CHAPITRE II.

UNION DES PROPOSITIONS.

§ 270. Emploi des Conjonctions.

Jusqu’ici nous avons considéré les propositions isolément et une à une. Nous allons voir comment elles se joignent et se mettent en rapport l’une avec l’autre par le moyen des Conjonctions. — Les principales Conjonctions ont été indiquées § 126. Elles peuvent, quant au sens, se réduire à neuf : et, ou, ni, mais, or, donc, car, si, que.

ET, καί.

La plus simple de toutes, la plus ordinaire, celle qu’on peut appeler la conjonction par excellence est καί, et.

Elle se met entre deux propositions pour les unir : νόει, καὶ τότε πράττε, pense, et agis ensuite.

Elle unit deux propositions en une seule en réunissant les deux sujets, et alors on met ordinairement le verbe au pluriel : δόξα καὶ πλοῦτος, ἄνευ συνέσεως, οὐκ ὠφελοῦσι, sans la prudence, la gloire et la richesse ne sont point utiles.

On peut aussi mettre le verbe au singulier en le faisant rapporter seulement à un des sujets : δόξα καὶ πλοῦτος οὐκ ὠφελεῖ. C’est ainsi que Racine a dit :

Ses menaces, sa voix, un ordre m’a troublée.

καὶ a pour synonyme τέ qui répond au que des Latins : πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε, pater hominumque deumque ; ou, πατὴρ ἀνδρῶν τε καὶ θεῶν, pater hominumque et deorum.

Dans les phrases où καί ne suppose point de proposition antécédente, il est purement adverbe et signifie même : βουλὴ καὶ παρὰ οἰκέτου πολλάκις χρήσιμος, un avis, même de la part d’un esclave, est souvent utile. Il en est de même en latin du mot et : Timeo Danaos et dona ferentes.

§ 271. OU, ἤ, vel, aut.

Après et vient ou, qui établit une distinction entre les termes qu’il unit : ἡμερήσιοι ὕπνοι ἢ ἀργίαν ἢ ἀπαιδευσίαν σημαίνουσι, dormir pendant le jour annonce ou paresse ou ignorance[1].

  1. ἤ est probablement la 3e personne du subjonctif du verbe εἶναι, dont l’usage aura changé l’accent et retranché l’ι souscrit. En français même, soit n’est-il pas synonyme de ou ?