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Cette forme de proposition se nomme ablatif absolu. Elle se traduit en français de diverses manières, selon le sens de la phrase. Nous en donnerons plusieurs exemples avec le participe présent actif, avec le participe parfait passif, et sans participe.

Participe présent actif à l’ablatif absolu.

Solon et Pisistratus Servio Tullio regnante viguerunt, Cic. (Solon et Pisistrate fleurirent pendant le règne de Servius Tullius). — Nihil præcepta atque artes valent, nisi adjuvante natura, Quintil. (les préceptes et les théories ne peuvent rien sans le secours de la nature).

A l’ablatif absolu, le participe présent prend toujours la terminaison e.

Participe parfait passif à l’ablatif absolu.

Quæ potest esse jucunditas vitæ, sublatis amicitiis ? Cic. (quel peut être l’agrément de la vie, si l’on en bannit l’amitié ?) — Natură dedit usuram vitæ, tanquam pecuniæ, nullā præstitutā die, Cic. (la vie est comme un prêt que la nature nous a fait, sans nous fixer de terme[1]).

Absence de participe à l’ablatif absolu.

Natus est Augustus Cicerone et Antonio consulibus, Suét. (Auguste naquit sous le consulat de Cicéron et d’Antonius). — Naturā duce, errari nullo pacto potest, Cic. (en prenant la nature pour guide, on ne peut jamais s’égarer). — Sereno quŏque cœlo, aliquando tonat, Sén. (il tonne quelquefois, même par un ciel serein = quand le ciel est serein). — Tu nihil invitā facies dicesve Minervā, Hor. (tu ne feras rien, tu ne diras rien malgré Minerve[2]). — Paupertate magistrā virtutes discuntur (on apprend la vertu à l’école de la pauvreté). — Me ignaro (à mon insu). — Annibale vivo (du vivant d’Annibal). — Nullā rhedā, nullis impedimentis, Cic. (sans voiture, sans bagages).

§ 422. Cas où l’on ne peut employer l’ablatif absolu.

Dans les propositions exprimées par l’ablatif absolu, le sujet du participe ne se rattache jamais ni au sujet ni au complément

  1. M. à m. La nature a donné la jouissance de la vie, comme d’une somme d’argent, aucun terme n’étant fixé [pour la restitution].
  2. Ne forçons point notre talent ;
    Nous ne ferions rien avec grâce. La Fontaine, IV, 5.