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Rem. Il est facile de voir que cette conjugaison est un mélange de la troisième et de la quatrième. Toutes les formes où, à cause de l’i intercalé, la terminaison commence par deux voyelles, appartiennent à la quatrième et se règlent sur audio ; toutes les autres sont de la troisième et suivent lego.

Ainsi au présent de l’indicatif, cap-ĭs, cap-ĭt, cap-ĭmus, cap-ĭtis, sont formés à l’imitation de leg-ĭs, leg-ĭt, leg-ĭmus, leg-ĭtis, et ont l’ĭ bref, à la différence d’aud-īs, aud-īmus, aud-ītis, où cette voyelle est longue par contraction, ainsi que nous allons le montrer, et d’aud-ĭt, où elle n’est brève qu’à cause du t final. Cette remarque est importante pour la formation du passif.

ANALYSE DES FORMES DE L’ACTIF.
TEMPS DE LA PREMIÈRE SÉRIE.

§ 56. Indicatif. 1 . La conjugaison primitive est la troisième. Elle a pour terminaisons au présent de l’indicatif, o, ĭs, ĭt, ĭmus, ĭtis, unt, et ces terminaisons se joignent immédiatement au radical, lequel ne peut finir que par une consonne, comme lĕg-ĕre (lire), ou par la voyelle u, comme minŭ-ĕre (diminuer) :

Leg-o ĭs, ĭt ; ĭmus, ĭtis, unt.
Minu-o ĭs, ĭt ; ĭmus, ĭtis, unt.

2. Les conjugaisons en āre, ēre, īre, ont pour terminaisons au même temps :

La 1re  o ās, ăt ; āmus, ātis, ant.
La 2e ĕo ēs, ĕt ; ēmus, ētis, ent.
La 4e ĭo īs, ĭt ; īmus, ītis, iunt.

Ces terminaisons se composent des voyelles a, e, i, placées à côté de la désinence primitive (mone-o, aud-io), ou confondues avec elle (am-o pour amă-o, am-às , mon-ēs, aud-īs pour amă-ĭs, monĕ-ĭs, audĭ-ĭs).

Ces voyelles ne font donc partie de la terminaison qu’accidentellement ; elles doivent donc être considérées comme un accroissement du radical, qui reçoit ainsi une nouvelle forme : ama, mone, audi[1]. La voyelle dont le radical est accru , et

  1. C’est exactement le cas des verbes grecs en άω, έω, όω (τιμά-ω), φιλέ-ω, δηλό-ω), où les voyelles ajoutées au radical se contractent avec la désinence. En latin elles se contractent aussi, et sont longues partout où elles ne sont pas suivies d’un t final. Elles restent longues par analogie dans les dérivés des verbes, comme verēcundus (respectueux), où le second e est long, parce qu’il l’est dans verēri (respecter).