Page:Buscailhon - Du charbon chez nos principaux animaux domestiques.djvu/12

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même cause produirait l’une quelconque d’elles, suivant qu’elle agirait sur des climats différents, sur des animaux à tempéraments sanguins, lymphatiques, nerveux et à idiosyncrasie différente.

Sans être cependant trop exclusif, nous croyons avoir donné une analyse et une synthèse suffisantes pour faire valoir l’opinion précédente. Cependant l’homme ne contracte jamais le charbon, quoique exposé aux mêmes causes ; mais en revanche il est souvent atteint de fièvres intermittentes et de fièvres pernicieuses dont le sulfate de quinine triomphe presque toujours. À quoi attribuer ce fait ? nous ne le savons pas, l’homme peut être indemne puisque le charbon n’est jamais spontané chez lui, et d’ailleurs il existe de ces bizarreries de la nature dont la science ne peut nous donner la raison.

Beaucoup d’exemples peuvent nous prouver la concomitance des fièvres intermittentes et des maladies carbunculaires dans les endroits marécageux ; nous nous bornerons à citer le suivant : Dans l’arrondissement de Narbonne, M. Reboul fut appelé, il y a à peu près dix ans, pour donner ses soins à quelques chevaux d’équatade, vivant au milieu des prairies inondées en hiver, et à sec pendant l’été ; ce praticien diagnostiqua une angine charbonneuse, qui fit périr une douzaine de chevaux. Eh bien, que remarque-t-on dans cette contrée ? Les habitants de l’exploitation, obligés de vivre dans le même milieu que les animaux, sont presque toujours atteints de fièvres intermittentes ; ils sont forcés d’émigrer pour s’y soustraire. Une objection que l’on peut nous faire : comment le charbon règne-t-il en Beauce, pays très sain et très fertile ? Nous répondrons que le sous-sol étant argilo-calcaire, il empêche les eaux de filtrer, il se forme alors des marais souterrains dont l’influence est tout