Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/244

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Mille amants fortunés, conduits par la constance,
Y reçoivent le prix des vœux qu’ils ont offerts ;
Et tout y ressent la présence
Du dieu charmant qu’adore l’univers.
Sous les loix de la jeune Flore,
Un éternel printems enchaîne les zéphyrs ;
Et les fleurs qu’on y voit éclore
Sont l’ouvrage de leurs soupirs
Les ruisseaux amoureux mêlent leur doux murmure
Aux concerts des oiseaux qui chantent nuit et jour ;
Le soleil y répand une clarté plus pure
Qu’il emprunte des feux que lui prête l’Amour.

Tandis que les Amours, dans ces jardins épars,
Moissonnent du printems la richesse éclatante,
Une rose naissante
Du fils de Cythérée arrête les regards.

« Rien n’est si beau que vous, dit-il, dans ce bocage,
Jeune rose, pleine d’appas ;
C’est pour vous rendre un doux hommage
Si d’autres fleurs naissent dans ces climats ;
Qu’à votre gloire tout conspire,
Faites l’ornement du printems,
Formez, dans l’amoureux empire,
Les chaînes des heureux amans ;
Parez les Grâces immortelles
Qui suivent la mère d’Amour ;
Prêtez à la beauté, par un juste retour,
Encore des armes nouvelles. »
L’Amour charmé cède au désir pressant
De cueillir une fleur si belle ;
Mais, dans le même instant, une abeille cruelle
Ose blesser ce dieu charmant.