Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/254

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Ni l’égoïsme et la cosmopolie ;
N’allez point, en auteur du jour,
Faire des vers galans sans avoir de l’amour,
Et partout, sans honneur, remporter la victoire.
Aimez la véritable gloire :
Soyez amant sans art, élégant sans fadeur
Il faut être savant, mais sans pédanterie ;
Aimer les arts sans frénésie ;
Croire aux amis, croire au bonheur :
Il faut, pour le grand nombre, étaler son génie ;
Pour les amis, laisser parler son cœur.


ÉPÎTRE A MADAME DE BAYARD.


Quoi ! tu veux être mon amie !
Tu fais taire la calomnie.
Ah ! devois-je espérer encor,
Au siècle de la jalousie,
De trouver ce rare trésor.
Quoi ! Bayard, toi, jeune et jolie,
Toi, qui soumets tout à tes vœux,
Tu ne porterois point envie
À cet art enchanteur que j’ai reçu des cieux,
À l’art des vers, à ce mensonge heureux
Qui fait le bonheur de la vie ?
Tu méprises les agrémens
Que donnent les pompons, le fard, le ton frivole.
Tu sais que leur essaim s’envole
Comme font nos beaux jours sur les ailes du tems
Oui, tu sais dédaigner tout utile avantage,
Tu pourrois t’amuser de l’orgueil d’un grand nom.
Qui peut, mieux que Bayard, en vanter l’étalage ?