Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/255

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Mais au plus pur éloge, enfant de la raison,
À ceux qu’exigeroient tes attraits, ton bel âge,
Je te vois préférer la plus simple leçon.
Viens et tâche d’être immortelle,
C’est un songe assez séduisant ;
On n’est rien quand on n’est que belle,
On existe par le talent.
Viens donc, jeune Bayard, que mes foibles lumières
Puissent aider ton goût, qu’il m’éclaire à mon tour.
Viens, plaignons les Ninons et caressons l’Amour ;
Mais, comme faisoit Deshoulières.
Viens embellir nos cercles amusans
D’où nous chassons l’ennui, le jeu, la médisance,
Où nous sommes presque savans
En faisant tous vœu d’ignorance ;
Où nous joignons à quelques agrémens
L’aimable gaîté, la décence ;
Où nos amis rougissent d’être amans,
Où le désir enfin, que la raison balance,
Nous procure des jours charmans
Entre l’amour et l’innocence.
Viens souvent embellir le tranquille tableau
De mon réduit philosophique ;
Quand le cœur est content et que l’esprit s’applique,
Chaque moment offre un plaisir nouveau.