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MADAME DUBOCAGE.


Cette dame, née à Rouen, était une très-belle femme et d’un talent distingué ; c’est pourquoi les Rouennais écrivirent au bas de son portrait : Forma Venus, arte Minerva.


(Fragment du second chant du Paradis terrestre.)


DESCRIPTION DE l’ÉDEN.


Dans les champs où l’Euphrate, éloigné de sa source,
Abandonne le Tigre et le joint dans sa course,
Se présentent d’Eden les jardins enchantés.
Là, d’un premier printems tout offre les beautés ;
Des cèdres, des palmiers élevés jusqu’aux nues,
De ce séjour charmant forment les avenues.
Sur l’or et les saphirs serpentent les ruisseaux,
Et dans les prés naissants bondissent les troupeaux
Aux approches du loup, l’agneau paraît sans crainte,
Le tigre est sans fureur et le renard sans feinte ;
Les arbres sont chargés et de fruits et de fleurs,
De l’iris leur mélange imite les couleurs.
Tel est l’heureux empire où vit dans l’innocence
Le premier des humains au sein de l’abondance :
Chaque pas le conduit à de nouveaux plaisirs,
L’air pur n’est agité que par les doux zéphirs.
Ils embaument les airs, et leurs ailes légères
Y portent les parfums des terres étrangères.