BEAUTÉ D’ADAM ET D’ÈVE ;
leur manière de vivre.
Entre tous les objets vivants dans ces beaux lieux,
Deux êtres distingués frappent surtout les yeux ;
Dans le noble maintien de leur nudité pure.
Ils paroissent les rois de toute la nature.
Les charmes, les vertus et la félicité,
Entre eux sont partagés, mais non l’autorité.
Leur sexe est différent, ainsi que leur puissance :
L’un tient l’autre soumis à son obéissance :
Adam unit la force à la beauté des traits,
Ève joint la douceur aux plus brillants attraits.
Les zéphyrs caressant ses tresses voltigeantes,
En font souvent un voile à ses grâces naissantes ;
Non qu’elle veuille aux yeux dérober tant d’appas,
Son ame de la honte ignore l’embarras.
Doit-on rougir des dons que nous fait la nature ?
Effrayant déshonneur, né d’une source impure,
Tyran de nos plaisirs, tu portes dans le cœur
Le trouble, les remords, la honte et la terreur.
Ce couple fortuné, créé dans l’innocence.
Sans voile aux yeux de Dieu, n’en craint point la présence
À l’ombre d’un berceau par les eaux rafraîchi,
Ils vont se reposer, exempts de tout souci ;
Leurs jardins n’exigeoient que les soins nécessaires,
Pour goûter le repos et des mets salutaires ;
Sur des bancs de gazon, ornés de mille fleurs,
Les arbres leur portoient des fruits et des odeurs.