Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais leur culte obéit au penchant qui les guide.
Le nôtre, aux nœuds d’hymen resserrant les plaisirs,
Veut qu’un unique objet y comble nos désirs.
Par des femmes sans nombre, irritant leur tendresse,
Ali, leur faux prophète, enchanta leur mollesse ;
Morale qu’il reçut d’un fameux imposteur,
Des Arabes voisins et pontife et vainqueur.
Ses sujets, que la guerre asservit aux Tartares,
Des rivages glacés prirent les mœurs barbares.
Ces Ottomans jaloux peuplent de vastes champs,
Où brillèrent jadis des empires puissants ;
Le berceau des beaux-arts, l’Égypte, utile au monde ;
L’opulente Assyrie, en voluptés féconde ;
La Phénicie, où l’homme osa braver les mers ;
Et tant d’autres États, dont l’éclat, les revers,
Dans l’abîme des tems se perdent comme une ombre.
La renommée oublie et leurs faits et leur nombre :
Tout périt, tout varie ; et la course des ans
Change le lit des eaux et la face des champs.
Des empires détruits, dont on vante la gloire,
Les fabuleux récits obscurcissent l’histoire.
Nos préceptes sacrés, que du maître des cieux
Sur les boids du Jourdain reçurent nos aïeux,
Sont, des antiques lois, les seules immuables.
Loin de les adopter, les Grecs, amis des fables,
Cherchant de nouveaux dieux chez les Égyptiens,
Y trouvèrent les arts ; et les Athéniens
De leurs maîtres bientôt passèrent la science.
Les talents, la valeur, vantés par l’éloquence,
Élèvent leurs héros au rang des immortels,
Et toute la nature a chez eux des autels.
Un fleuve est un vieillard qui, d’une main divine,
Verse à jamais les eaux d’une urne qu’il incline ;
Le printemps naît des feux du zéphire et des fleurs,