Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/288

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Les vents sont immortels ; l’Amour, le dieu des cœurs,
A tiré du néant l’univers qui l’adore ;
Quand, au frais du matin, né des pleurs de l’aurore,
Le concert des oiseaux retentit dans les bois,
Une nymphe est l’écho qui répond à leur voix ;
L’Océan est un dieu, la terre une déesse.

L’Europe abandonna ces erreurs de la Grèce ;
Mais les arts qu’elle y prit triomphent dans nos mains ;
Sous un ciel tempéré, propre aux faibles humains.
Dans cette fière Europe, où l’amour de la guerre
Arme vingt rois jaloux de conquérir la terre,
L’Italie est l’empire où j’ai reçu le jour :
On m’y nomma Colomb. Vous qui, dans ce séjour,
De la seule vertu tirez tout votre lustre.
Vous sauriez vainement qu’au rang le plus illustre
Le caprice du sort éleva mes aïeux.
Mais ma gloire se plaît à décrire à vos yeux
La splendeur qui toujours distingua ma patrie
Sur un trône où jadis régnait l’idolâtrie,
Un pontife sacré préside à notre foi.
L’humilité triomphe où l’orgueil fit la loi,
Où des républicains, fameux par leur vaillance,
Forcèrent l’univers d’encenser leur puissance.
Vainqueurs de l’Orient, ils en prirent les arts ;
Au luxe qui les suit, Rome ouvre ses remparts.
La soif d’y régner seul y couronna le vice ;
On obtint les honneurs des mains de l’artifice ;
La liberté périt ; et, soumise aux tyrans,
L’Europe déchirée eut mille conquérants.
Les peuples que le Nord arma pour tout détruire,
Des champs qu’ils ravageoient partagèrent l’empire…
Abrégeons ce récit. Les faits que je décris ,
Sage Indien, sans doute irritent vos esprits.