Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/68

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Du jour qu’ay veu mon roy partir,
Voyle des nuicts couvre le monde ;
Aisles du tamz croy s’allentir,
Du jour qu’ay veu mon roy partir ;
Ne peulx rester, ne peulx sortir,
Qu’entour de moy tout ne responde :
« Du jour qu’ha veu son roy partir,
Voyle des nuicts couvre le monde. »

Il me dizoit : « Je vy pour toy ;
Que la mors seule nous sépare ! »
Je respondoy : « Sy fais-je moy. »
Quand me dizoit : « Je vy pour toy. »
Ors, qu’est si loing, maugré sa foy,
Scay-je le sort qu’il me prépare ?
Luy que dizoit : « Je vy pour toi ;
Que la mors seule nous sépare ! »
 
N’est pour l’aymer que de le veoir ;
Qui le vist, onc ne fust volage ;
Dust-on l’adorer sanz espoir.
N’est pour l’aymer que de le veoir :
Tant fière qu’atteinct son povoir.
Se complaict en si doux servage :
N’est pour l’aymer que de le veoir ;
Qui le vist, onc ne fust volage.

Leiz flours esclozent soubz seiz pas :
Parfum de roze est sur sa bousche ;
Tout s’embellist des siens appas,
Leiz flours esclozent soubz seiz pas :
Est-il de graces qu’il n’ayt pas,
Ou qu’il ne preste à ce qu’il tousche ?
Leiz flours esclozent soubz seiz pas ;
Parfum de roze est sur sa bousche.