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sonnets.
I
On voit mourir toute chose animée
Lors que du corps l’âme sutile part :
Je suis le corps, toy la meilleure part ;
Ou es tu donq, ô ame bien aymée ?
Ne me laissez pas si long temps pamée,
Pour me sauver après viendrois trop tard.
Las ! ne mets point ton corps en ce hazart,
Rens-lui sa part et moitié estimée.
Mais fais, ami, que ne sois dangereuse
Geste rencontre et reuue amoureuse,
L’accompagnant, non de sévérité,
Non de rigueur : mais de grâce amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Jadis cruelle, à présent fauorable.
II
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noye.
J’ay chaut estreme en endurant froidure ;
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ay grands ennuis entremeslez de joye.