Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/129

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

MADAME DESHOULIÈRES.


Antoinette du Ligier de la Garde, née à Paris en 1633, d’une famille noble qui ne négligea rien pour son éducation, épousa, en 1651, Guillaume de Lafon de Boisguerin, seigneur Deshoulières, lieutenant-colonel d’un des régiments du grand Condé, depuis major de Rocroi et lieutenant de roi de Dourlens. Ses poésies ont été imprimées en 1688 et 1693. Les plus anciens ouvrages qu’on ait d’elle sont de 1658 ; mais ses Idylles et ses Réflexions morales sont ce qu’il y a de plus estimé parmi ses œuvres. Madame Deshoulières fut reçue dans les Académies d’Arles et des Ricovrati de Padoue, et mourut en 1694, un an après son époux. Cette dame, qui doit prendre rang parmi les premiers poètes français, connaissait parfaitement le latin, l’italien et l’espagnol. Elle composa deux tragédies (Genseric et Jule-Antoine), qu’elle eut le bon esprit de ne pas risquer sur le théâtre.


RONDEAU.


Le bel esprit, au siècle de Marot,
Des dons du ciel passoit pour le gros lot ;
Des grands seigneurs il donnoit l’accointance,
Menoit parfois à noble jouissance,
Et, qui plus est, faisoit bouillir le pot.