Nous sommes exposez sans cesse à leur courroux,
Et nous ne devons pas attendre
Que la nature daigne en repousser les coups ;
Elle veut que l’esprit sache seul se défendre ;
Mais, malgré ses plus grands efforts,
Il est souvent près de se rendre,
Ayant des ennemis si cruels et si forts.
Bois, honneur de ces lieux, vous n’êtes pas de même,
Vous ne craignez ennemis ni jaloux ;
La nature vous sert avec un soin extrême,
Et les saisons n’ont rien de fort rude pour vous ;
Si l’hiver vous ravit votre aimable verdure,
Le printemps, qui bientôt ranime la nature,
Vous rend mille nouveaux appas.
Vous, habitants ailez de ces sombres bocages,
De qui les tendres airs ont des tons si charmans,
On ne sauroit douter de vos heureux momens,
Quand on entend vos gracieux ramages ;
Rien ne trouble jamais votre tranquillité,
Que la peur de languir dans de durs esclavages,
Par les pièges qu’on tend à votre liberté.
Oiseaux, nous ne serions que foiblement à plaindre.
Si nous n’avions, hélas ! que de tels maux à craindre.
Vous, dont le cristal argenté
Rend nos bois plus charmans et raffraîchit nos plaines.
Brillantes eaux, claires fontaines,
Qui rendez de ces lieux le séjour enchanté,
Vous ne connoissez point les chagrins ni les gênes.
Quand l’aimable printemps, par son charmant retour,
Fait aimer tout ce qui respire,
Qu’un amoureux ruisseau pour vos ondes soupire,
Il vous suit et vous fait la cour.
Sans craindre le pouvoir d’un tyrannique empire.
Vous répondez à son amour,