Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


MADAME GUIBERT.


Madame Guibert (Élisabeth) est née à Versailles en 1725 et morte en 1788. Elle était pensionnaire du roi. Ses poésies et œuvres diverses ont été imprimées à Amsterdam en 1764.


ÉPÎTRE À ARISTE.


Ne viens point troubler ma retraite,
J’ai sçu me faire, en ce séjour,
Une félicité parfaite.
J’ai tous les bons auteurs, des fleurs et ma musette,
Et j’y badine avec l’Amour.
Je ne me pare point des fleurs que m’offre un traître
Tu célébras ma fête, elle n’est plus pour toi.
J’étois fidelle, il falloit l’être,
Et je n’aurois jamais vécu que sous ta loi.
J’allarmai, dis-tu, ta tendresse
Par ma coquetterie et ma légèreté.
Aurois-je vu durer, deux lustres, ta foiblesse ;
Sans tes rivaux, mon inégalité ?
Avec tous les talens, la candeur, la jeunesse,
La beauté, même la sagesse,
On voit s’enfuir la volupté
Si l’on ne sçait mêler, avec un peu d’adresse,
L’amour, la jalousie et la fidélité
Un nœud formé par le caprice