Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/304

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Mais ce n’est plus la curiosité
Qui l’y ramène ; elle y cherche, y désire
Ce même amant si long-temps rebuté ;
Dès qu’il paroit sur la rive fleurie,
Elle l’appelle et cherche à l’arrêter ;
Jeux du hameau, compagne, bergerie,
Il n’est plus rien qu’elle ne sacrifie
Au seul plaisir d’entendre répéter
Ces airs charmans dont son âme est ravie.
D’un doux espoir Hilas se sent flatter :
Une insensible est bientôt attendrie
Quand on sait l’art de s’en faire écouter.
Ces chants si doux, c’est peu de les entendre :
Du berger même elle veut les apprendre.
Quelles leçons ! c’est là qu’Amour l’attend.
Ce dieu bientôt apprit à la cruelle
Quel risque on court quand on est jeune et belle,
Et que pour maître on choisit un amant.
Dans ces chansons, qu’avec un soin extrême
Elle répète à chaque instant du jour,
Sa bouche apprend à dire : Je vous aime ;
Son cœur l’apprit et le dit à son tour.
Jeunes amans, profitez de l’exemple ;
Pour être aimés c’est peu d’être constans ;
Sacrifiez aux graces, aux talens,
El le bonheur vous ouvrira son temple ;
Vous ne devez qu’à leur secours heureux
Ce don charmant d’intéresser une ame :
Hilas aimoit, on méprisa sa flamme ;
Hilas chanta, l’Amour combla ses vœux.