Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/311

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A pour lui-même imploré votre appui :
Comblez des vœux que lui dicte aujourd’hui
Un intérêt plus précieux encore.
Puisse ma fille attirer vos faveurs !
Comme une rose, ornement de la plaine,
S’élève et croît à l’ombre de ce chêne
Qui du soleil lui sauve les ardeurs,
Puisse cette ame innocente et timide,
Libre par vous des communes erreurs,
Croître à l’abri de votre heureuse égide !
Et toi, l’objet de mes soins les plus chers,
Tandis qu’au ciel, dont tu vois la lumière,
En ta faveur mes vœux seront offerts,
Commence en paix ta naissante carrière,
Et que le temps, dont les coups destructeurs
Moissonneront ces tranquilles journées,
En t’apportant de nouvelles années,
T’apporte aussi de nouvelles douceurs !
Je l’avoûrai, ce vieillard implacable
A trop souvent excité ma frayeur ;
J’ai redouté son aile infatigable,
Qui, chaque instant, enlève quelque fleur
À mon printemps ; mais si son inconstance
Fane mes jours, pour embellir les tiens ;
Si son pouvoir, aidant ma vigilance,
En t’éclairant sur les maux et les biens,
Forme aux vertus ta fragile existence :
Si, pour le prix d’un travail aussi doux,
Je puis enfin jouir de mon ouvrage,
De sa rigueur, loin de craindre l’outrage,
Il peut frapper, je bénirai ses coups.