Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/313

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Pardonnez-moi cette candeur,
Ma plume obéit à mon cœur ;
Disserter est votre partage,
Mais disserter est-ce être sage ?

Notre frivole aréopage
Donne des lois à vos héros,
Et des pompons du badinage
Nous semons vos graves bureaux.
Vous savez manier les armes ;
Un grand sabre a pour vous des charmes ;
Vous vous battez bien mieux que nous :
Chez vous la force aide au courroux.
Oui, sur ce point, je dois le dire,
Vous avez sûrement l’empire ;
Notre force à nous n’est point là :
Que pouvons-nous faire à cela ?

Le ciel aussi nous dédommage ;
Dans nos cœurs il met le courage ;
Nos combats, hélas ! sont affreux :
Les vôtres sont moins douloureux ;
Et l’ennemi qu’il vous faut craindre,
Ne sachant ni plaire, ni feindre,
Moins cher, est bien moins dangereux.
Vous faut-il dévorer des larmes,
Résister à votre vainqueur ?
Sans honte vous rendez les armes.
Mais sous une feinte douceur,
Quand l’amour blesse notre cœur,
Trop sincères pour ne pas croire,
Pleurant la peine ou le bonheur,
Et la défaite et la victoire,
Et le triomphe de l’honneur,