Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/319

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De ces insulaires fameux[1],
Qui ne suivaient que la nature,
Dont la vertu fut la parure,
Dont le secret fut d’être heureux !
Mais s’il est vrai que les Atlantes
Sont nos véritables aïeux,
Si de ces hommes vertueux
Descendent les races présentes,
Convenez que, depuis le tems
Qu’ils n’habitent plus l’hémisphère.
Les mortels qui peuplent la terre
Tiennent peu de ces bons parens !
Nos amours sont un peu légères :
Les agréables de Paris
Trompent assez bien leurs bergères,
Et ne valent point vos Péris.
On est faux, léger et perfide,
Et surtout on est peu discret :
On ne garde pas un secret
Aussi bien que dans l’Atlantide.
Jusqu’aux douces illusions,
Dont le mensonge secourable,
Des amoureuses passions
Rendoit le jour plus supportable,
Dans ce siècle on a tout détruit.
À qui dresse-t-on des trophées ?
Au manége, au faste, au crédit,
À la beauté qui s’avilit,
Et l’on ne croit guère à vos fées.
Mais des Atlantes de Platon
Ne reste-t-il aucune trace ?
Et cette auguste et noble race

  1. Les Atlantes