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CHEFS-D’ŒUVRE POÉTIQUES

Des invalides de la ville
Grossir le cortège ennuyeux ?
Je sais qu’il est sur cette rive
Une belle à deux yeux mourans
Qui, sur la foi de tes sermens,
Rappelle ton ame captive
A ses premiers engagements.
Mais quoi ! le cœur d’un militaire
N’est avec nous que volontaire
Et ne suit que ses goûts changeans.
Si quelquefois, quand Mars repose,
Vénus a des soins obligeans.
Elle a le destin d’une rose,
Qu’on oublie avec le printemps :
Tels, appelés par la victoire,
On a vu nos jeunes guerriers
Quitter les amours pour la gloire,
Et le myrte pour les lauriers.
Tous les peuples ont leur génie ;
Le nom sacré de la patrie
Transporte l’ame de l’Anglais ;
Le Suisse commerce la vie ;
Du Batave dans ses marais
Plutus anime l’industrie ;
La volupté toujours en paix
Séduit l’indolente Italie ;
La gloire entraîne le Français ;
Elle seule est la récompense,
Le plus doux prix de ses travaux ;
Gloire, c’est à toi que la France
Doit le grand homme et le héros !