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DES DAMES FRANÇAISES.


ADIEUX AUX MUSES.


Vous dont j’ai trop chéri l’empire,
Déités de mes jeunes ans,
Muses, reprenez votre lyre :
Je vais à des dieux plus charmans
Porter mes vers et mon encens.
L’amour est un plus doux délire ;
Vous m’égarâtes, il m’inspire :
Lui seul remplit tous nos momens :
C’est par lui que le cœur désire ;
Lui seul est l’intérêt du temps.
Près des biens dont sa main dispose,
Que les fleurs du sacré vallon,
Que les lauriers sont peu de chose !
L’épine croit sur l’Hélicon :
C’est à Paphos que naît la rose.
Hélas ! dans l’âge du désir,
Muses, faut-il qu’on vous immole
Des jours destinés à jouir ?
Qu’importe une gloire frivole ?
L’éternité de l’avenir
Vaut-elle un moment qui s’envole ?
Dans ce gouffre où tout va finir,
Voyez tomber et s’engloutir
Talens sublimes, noms célèbres ;
Rien sur ces profondes ténèbres
Ne surnage que le plaisir ;
Et tandis qu’il vient me sourire,
Tandis qu’à son souffle enchanteur,
Mon cœur se ranime et respire,