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L’AMOUR EN PÉRIL
TRADUIT D’HÉRENNIUS MODESTINUS, GRAMMAIRIEN,
(TROISIÈME SIÈCLE).

Amour dormait : bercé sur l’aile du sommeil,
Dans un berceau de myrte il reposait vermeil,
L’enfant ! la pâle Aurore avait mouillé les herbes.

Autour de lui, soudain, furieuses, acerbes,
Les âmes que brûla le feu de ses transports,
De la cour de Pluton prisonnières sans corps,
Se lèvent, l’enfermant d’un cercle redoutable :
« Ah ! voici mon chasseur, dit Phèdre, qu’on l’accable !
Entraînons-le ! — Coupons, dit Scylla, ses cheveux.
— Un seul trépas pour lui ! ma sœur, il en faut deux,
Perçons de mille coups le traître, l’homicide »,
Disait tout haut Progné, la veuve de Colchide.
Didon et Canacé : « Par le glaive cruel
Qu’il meure, et sur-le-champ, qu’il meure, et sans appel !