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Page:Busquet - Représailles, 1872.djvu/120

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Mais il est mort, crois-moi, l’honneur qui s’abandonne
Tous les preux sont couchés aux champs de Roncevaux
Et le cor enchanté n’a réveillé personne.


II.

 
Oui, l’honneur est vaincu ! le Cid Campéador
Repose côte à côte auprès de sa Chimène ;
Le courage a cédé, l’égoïsme nous mène,
Et l’amour enchaîné se lamente et s’endort !

Siècle dur aux grands cœurs ! Quand la peste inhumaine
Dans Valence abattait ceux qui luttent encor,
On dit qu’un Sarrasin, dont l’armure était d’or,
Vint demander l’aman et la croix plus certaine.

Il chancelle, on l’accueille ; il s’assoit au festin :
La coupe du pardon circulait à la ronde,
Et chacun y puisait au fond la peste immonde.

Lorsque le clair soleil apparut le matin,
Il recula d’horreur… Ô Sarrasin infâme !
Ton souffle empoisonné vit encor dans notre âme !