Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/116

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lui avoit été impossible de le retirer ; mais qu’elle ne s’en mît point en peine, qu’il étoit aussi sûrement dans les mains de son ami que dans le feu ; qu’au reste, il n’avoit jamais vu d’homme si

    avoit le titre de sieur de la Marche et de Mesnil-Montant, près Paris.

    L’abbé de Laffemas, le fils du terrible et spirituel Laffemas, poète ingénieux quelquefois, lui fit cette épitaphe :

    Ci gist ce fameux gabeleur,
    Ce grand dénicheur de harpies,
    Qui, plus subtil qu’un basteleur,
    De ses vols fist des œuvres pies,
    Raffinant sur le paradis
    Comme il faisoit sur les édits.
    Passans, quoy que l’on puisse dire
    Et gloser sur son testament,
    Il est mort glorieusement.
    À mal exploitter, bien escrire,
    En mourant il se résolut,
    Au mespris des choses plus chères,
    Ne voulant plus parler d’enchères,
    Si ce n’estoit pour son salut.
    Aussy les traités et les offres,
    Sources vivantes de ses coffres,
    Firent un pont d’or de son bien ;
    Il donna beaucoup, mais je gage
    Qu’il eust pu donner davantage
    Sans donner un double du sien.

    Cornuel n’étoit pas mort commodément. « Il eut le loisir d’avoir bien peur du diable, et, comme il se tourmentoit comme un procureur qui se meurt, Bullion lui disoit : « Ne vous inquiettez point : tout est au roy, et le roy vous l’a donné. » (Note de Tall., t. 2, p. 150.)

    « Estant au lit de la mort, Cornuel se confessa au vicaire de sa paroisse, qui luy refusa l’absolution s’il ne restituoit auparavant deux cent mille escus qu’il avoit mal acquis. Le malade en parla à M. de Bullion, qui alla consulter le cas avec le cardinal de Richelieu. La réponse du cardinal fut que toutes ces sortes de restitutions appartenoient au roy, comme seigneur de tous les biens ; que le roy donnoit en pur don les deux cent mille escus dont il s’agissoit au président Cornuel pour les bons services qu’il avoit rendus à l’Estat, et qu’ainsy le président pouvoit se faire donner l’absolution.