Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/173

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ses intérêts que ses plaisirs. Comme c’étoit une des plus belles femmes de France et des plus extraordinaires, il faut faire voir ici la peinture de sa vie[1]

    Le duc de Chevreuse mourut en 1657, très âgé. C’étoit, par ordre de naissance, le quatrième fils du Balafré. Il étoit né en 1578. La duchesse (Marie de Rohan, fille d’Hercule de Rohan, duc de Montbazon, grand veneur de France) étoit née en 1600. Elle mourut à Gagny, près de Chelles, le 12 août 1679.

    On n’a pas toujours dit qu’elle fut l’une des ennemies de Fouquet (Mottev., t. 5, p. 132), et qu’avec Laigues elle détermina à prendre parti contre lui la reine-mère, qui, le 27 juin 1661, l’étoit allée voir.

    Sa fille, non pas Anne-Marie, abbesse de Pont-aux-Dames, morte le 5 août 1652 (Walck., t. 1, p. 418), mais Charlotte-Marie, née en 1627 en Angleterre, a été très passionnée pour sa part. Mademoiselle dit : « C’étoit une belle fille (t. 2, p. 368) qui n’avoit pas beaucoup d’esprit. » Elle avoit de l’esprit lorsqu’elle aimoit. Voyez Retz (p. 97 et 353) : « Elle avoit plus de beauté que d’agrément, estoit sotte jusques au ridicule par son naturel. La passion lui donnoit de l’esprit, et mesme du sérieux et de l’agréable, uniquement pour celui qu’elle aimoit ; mais elle le traitoit bientôt comme ses jupes : elle les mettoit dans son lit quand elles lui plaisoient ; elle les brusloit, par une pure aversion, deux jours après. »

    Madame de Motteville (t. 3, p. 271) la juge ainsi : « Mademoiselle de Chevreuse étoit belle, elle avoit en effet de beaux yeux, une belle bouche et un beau tour de visage ; mais elle étoit maigre et n’avoit pas assez de blancheur pour une grande beauté. »

    Conti (Pierre Coste, p. 92) fut, en 1651, ébloui de cette beauté, qu’il voyoit grande. Retz la savoura. Ce fut l’abbé Fouquet qui en jouit le dernier. Elle mourut en trois jours, le 7 novembre 1652, d’une maladie qui la défigura (Guy-Joly, p. 70) et laissa véhémentement soupçonner le poison. Elle avoit alors vingt-cinq ans, comme vous voyez. C’est bien jeune pour mourir quand on est galante.

  1. Le premier livre est clos. Le commentateur n’a-t-il rien oublié ? N’a-t-il fait aucune confusion de date ? A-t-il