Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/246

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voisinage deux hommes qui lui rendoient bien de plus fréquentes visites : l’un étoit Craf, milord anglois, qui avoit loué une maison auprès de Marlou, où il tenoit d’ordinaire son équipage et où il venoit quelquefois loger, et l’autre étoit Digby, comte de Bristol[1], gouverneur de Mantes et de l’Isle-Adam. Ces deux cavaliers

    de la Motte-Argencourt, mademoiselle de Fontanges et la comtesse d’Armagnac.

    Bussy n’a pas dit de mal du roi si les Alleluia ne sont pas de lui. Par avance, expliquons le nom que le roi porte dans ces Alleluia. On l’y nomme Deodatus. Louis XIV s’appeloit en effet Dieudonné, et toute la France le savoit. Que de fois le voit-on désigné sous ce nom dans les écrits du temps ! En voici quelques-uns (nous citons les numéros du Catalogue de la Bibliothèque nationale, t. 2) :

    840. Le vrai politique, ou l’homme d’État désintéressé, au roi, Louis XIV, surnommé Dieudonné. Paris, F. Noël, 1649, in-4. (Pièce.)

    1421. De fortunatis Ludovici Adeodati XIV, Francorum et Navarræ régis christianissimi, natalitiis, etc., par Bernard. (1650.)

    1450. Les frondeurs victorieux et triomphants sous le règne de Louis XIV dit Dieudonné. (1650.)

    Voy. encore, 3358 (2 fois) en 1660, pour le mariage, et 3498. Panégyrique de Louis Dieudonné, 1663, Bilaine, in-12.

  1. George Digby. Tallemant des Réaux (chap. 359) dit qu’il s’appeloit Kenelm Digby, qu’il étoit resté fidèle à Charles 1er, qu’il étoit venu en France avec la reine, qu’il avoit épousé Venetia Anastasia, fille d’Edouard Stanley ; qu’il avoit un esprit singulier, qu’il aimoit la peinture et recherchoit la pierre philosophale.

    Il aima tendrement sa femme. Lorsqu’elle tomba malade, il la fit peindre sans cesse pour conserver toutes ses images, Vigneul de Marville (t. 1, p. 252) est garant de ce détail :

    « M. Digby, étant à Paris, prenoit plaisir à montrer le portrait en miniature de feue madame la comtesse Digby, son épouse, l’une des plus belles femmes de son tems, ipso sese solatio cruciabat. Il racontoit que, pour maintenir sa beauté et une fraîcheur de jeunesse, il lui faisoit manger des chapons