Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/263

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un peu serré ; le visage long, les cheveux noirs et crépus et la taille belle ; il avoit fort peu d’esprit, cependant il étoit fin à force de défiance ; il étoit brave et toujours amoureux, et sa valeur auprès des dames lui tenoit lieu de gentillesse. Madame de Châtillon, qui le connoissoit de réputation, crut qu’il étoit tout propre à faire les folies dont elle avoit besoin. De Vignacourt[1], gentilhomme picard, son voisin, fut celui qu’elle employa auprès de lui. Le maréchal, donc, convint avec Vignacourt qu’en s’en allant commander l’armée de Catalogne, il la verroit en passant à Marlou, comme

    Péronne, de Montdidier et de Roye, « naguère grand-prévost de l’hostel et mareschal de camp ».

    Il avoit fait son chemin pendant la guerre civile. On voit ici, et, à l’article de Foucault, on a vu ce qu’étoient alors les gouverneurs de places. On se croiroit à la fin de la Ligue. Louis XIV est attendu.

    D’Hocquincourt aima d’abord madame de Montbazon.

    Dans l’affaire dont Bussy donne les détails, Montglat (p. 309) indique bien le rôle que Mazarin fit jouer à la maréchale pour venir à bout de son mari.

    D’Hocquincourt, après avoir vendu chèrement sa soumission, se dépita, se jeta dans Hesdin et passa aux Espagnols. Il mourut bientôt à Dunkerque. Pas de pitié pour ces gens-là.

  1. On cite Simon de Wignacourt, croisé en 1190 ; Aloph de Wignacourt, grand-maître de l’ordre de Malte en 1601, et Adrien, grand-maître en 1690 (V. Henry-J.-G. de. Milleville, 1845). Le portrait d’Aloph ou Olaf (1569-1609) est le meilleur portrait du Caravage. Dangeau (23 août 1690) a parlé d’Adrien.

    Notre Wignacourt est Vignacourt d’Orvillé, Picard (d’argent à trois fleurs de lis de gueules au pied nourri) ; en 1652 (Montp., t. 2, p. 327) d’Hocquincourt l’avoit déjà envoyé pour s’entendre avec les chefs de la Fronde. Est-ce lui que la cour envoie en Allemagne dans le courant de 1656 (Aubery, Vie de Mazarin, deuxième édit., t. 3, p. 150 ; et Quincy, Hist. milit. de Louis XIV, t. 1, p. 216) pour empêcher les électeurs de fournir des troupes à l’Espagne ?