Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/283

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Il est certain que celle-ci l’avoit toujours enviée, et ne lui avoit jamais pu pardonner son

    M. de Brégy) ne finisse. Je m’en expliquerai dans les termes que vous pouvez souhaiter ; mais souvenez-vous, une fois pour toutes, que votre respect m’offenseroit si, dans les occasions, vous ne recouriez à moi avec la confiance que mérite l’estime que j’ai pour vous. »

    Cette séparation fut une grande affaire, qui occupa long-temps Colbert et Louis XIV (V. leurs lettres).

    Mazarin, dit-on, l’avoit aimée : « Le cardinal étoit amoureux d’une dame qui étoit chez la reine. Je l’ai connue, elle logeoit au Palais-Royal, et on la nommoit madame de Brégy. Elle étoit très belle, et beaucoup de gens ont été amoureux d’elle ; mais c’étoit une honnête femme ; elle a servi fidèlement la reine et a fait que le cardinal a mieux vécu avec la reine qu’auparavant. Elle avoit beaucoup d’esprit. » (Madame, 1 décembre 1717.)

    Madame de « Brégy, étant belle femme, faisoit profession, de l’être, et même avoit l’audace de prétendre que ce grand ministre avoit pour elle quelque sentiment de tendresse. » (1647 ; Mottev., t. 2, p. 221.)

    La comtesse de Brégy s’est peinte elle-même (en tête de ses Œuvres galantes ; Leyde et Paris, J. Ribou, 1666) : « Ma personne est de celles que l’on peut dire plustost grandes que petites. Mes cheveux sont bruns et lustrez ; mon teint est parfaitement uny : la couleur en est claire, brune et fort agréable ; la forme de mon visage est ovale, tous les traits en sont réguliers : les yeux beaux et d’un meslange de couleurs qui les rend tout à fait brillants ; le nez est d’une agréable forme ; la bouche n’est pas des plus petites, mais elle est agréable et par sa forme et par sa couleur ; pour les dents, elles sont blanches et rangées justement comme le pourroient estre les plus belles dents du monde. La gorge est assez belle, et les bras et les mains se peuvent montrer sans trop de honte. Tout cela est accompagné d’un air vif et délicat. Je suis propre et m’habille bien. »

    C’étoit véritablement un bel esprit. Benserade l’a choyée ; elle croyoit que c’étoit elle qui étoit l’héroïne du sonnet de Job : aussi le défendit-elle (V. sa Lettre à madame de Longueville ; Cousin, 2e édit., p. 331). «Belarmis (Somaize, t. 1, p. 38) est une prétieuse qui vit en célibat, quoyque son mary soit encore vivant. Son esprit a fait parler d’elle et l’a