Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/297

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se plaint que je pousse l’abbé Foucquet à s’embarquer avec sa maîtresse, et ne se souvient pas qu’il m’a dit qu’il ne songeoit plus à elle.—Je vous demande pardon pour lui, répondit Vineuil ; excusez un pauvre amant qui, parcequ’on lui veut ôter sa maîtresse, ne sçait plus ce qu’il fait ni à qui s’en prendre. Sitôt que je l’aurai fait revenir à lui, il viendra se jeter à vos pieds. » Après quelques autres discours, Vineuil sortit, et une heure après rentra avec le comte de Guiche, qui dit tant de choses à la comtesse qu’elle lui promit de ne se souvenir plus de sa brutalité. Le lendemain le comte, qui avoit résolu de parler à l’abbé, l’alla trouver, et, l’ayant tiré à part : « Si nous avions tous deux commencé en même temps, lui dit-il, d’être amoureux de madame d’Olonne, il seroit ridicule de trouver étrange que vous me la disputassiez. Aussi ne le ferois-je pas, et je la laisserois décider elle-même par ses faveurs de la bonne fortune de l’un ou de l’autre. Mais que vous me veniez troubler dans une affaire où je suis engagé long-temps avant vous, vous voulez bien que je vous dise que cela n’est pas honnête, et que je vous prie de me laisser en repos auprès de ma maîtresse, sans me donner d’autres chagrins que ceux qui me viennent de ses rigueurs.—Je suis ami de madame d’Olonne, répondit l’abbé, et rien autre chose. Ainsi vous n’avez pas sujet de vous plaindre de moi. Si je croyois pourtant que le discours que vous me venez de lire eût été conseillé par des gens qui me voulussent faire des affaires, je vous déclare que je deviendrois votre rival dès aujourd’hui. Je sais bien pourquoi je vous parle ainsi, et vous me