Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/310

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choses ; et comme Manchiny[1], dès le soir même, témoigna ce dessein, Manicamp et le comte de Guiche proposèrent à Vivonne de prier Bussy de venir passer deux ou trois jours avec eux, lui disant

    :::Les Vivonnes et les Bussy

    Sont chargés d’en faire l’histoire
    Et s’informer partout ici,
    Pour lui donner un nom plus noble,
    S’il est cardinal de Grenoble,
    Ou bien cardinal de Roissy.

    L’histoire à laquelle il est fait allusion dans cette chanson se trouve ainsi rapportée dans le même recueil :

    « Le cardinal Le Camus, lors aumônier du roy, fut passer la semaine sainte à Roissy, maison de M. de Vivonne ; avec lui le comte de Bussy, Philippe de Mancini, duc de Nevers, de Longueval, comte de Manicamp, et plusieurs autres débauchés. Ils y mangèrent de la viande, et, avec une impiété horrible, ils y baptisèrent un cochon de lait avec les cérémonies de l’Église et le nommèrent Carpe. On prétend même que l’abbé Le Camus, qui étoit alors ecclésiastique, fit cette belle cérémonie. »

    Baptisez un cochon de lait et soyez honnête homme !

  1. Philippe-Julien Mancini-Mazarini, duc de Nevers et de Donzy, né à Rome le 26 mai 1641, colonel de la vieille marine en 1652, chevalier de l’ordre en 1661, mort le 8 mai 1707.

    Daniel (t. 2, p. 225) l’inscrit dès 1657, date du rétablissement de la première compagnie des mousquetaires, comme capitaine lieutenant de cette compagnie. Il en garda le commandement jusqu’en 1667.

    Exilé à la suite de cette affaire, il fut rappelé bientôt. À la dernière cérémonie du mariage du roi, il porta la queue de Mademoiselle (Montp., t. 5, p. 70). Néanmoins, Mazarin ne lui fit pas tout le bien qu’il lui auroit fait s’il l’eût trouvé de meilleur conseil. « Quoiqu’il le déshéritât, ne le croyant pas digne de porter son nom, ce neveu déshérité ne laisse pas d’avoir la principauté ou duché de Ferreti en Italie, le duché de Nevers en France, avec une partie de la maison et beaucoup d’autres biens. » (Motteville, t. 5, p. 52.)

    Ce qu’en dit Saint-Simon (t. 5, p. 390) paroît juste : « C’étoit un Italien, très italien, de beaucoup d’esprit, facile,