Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/357

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qu’elle souffle est plus pur que celui quelle respire ; elle a la gorge la mieux taillée du monde, les bras et les mains faits au tour ; elle n’est ni grande ni petite, mais d’une taille fort aisée, et

    Et là chacun se fait les yeux doux
    Sans qu’on s’y morfonde ;
    Près de vous l’on parle haut et bas ;
    L’on s’y chauffe, et l’on ne s’y brusle pas.

    À la fin des Mémoires de Mademoiselle se trouve le portrait de madame de Monglat :

    « Vous estiez fort jolie, vous aviez le teint beau et vif, la bouche agréable, les plus belles dents qu’on puisse voir, le nez un peu retroussé, mais d’une manière qui ne vous sied pas mal, les yeux noirs, les cheveux bruns, mais en la plus grande quantité du monde ; vous aviez la gorge belle, comme vous l’avez encore ; l’air impérieux et le ton, etc. ; les bras, les mains, le coude !

    « Vous n’estes point médisante, vous excusez facilement les autres, vous estes bonne amie. »

    Delphiniane (Somaize, t. 1, p. 282) « a beaucoup d’esprit ; elle lit tous les beaux livres, elle aime les vers, elle connoist tous les auteurs, elle corrige leurs pièces. »

    Sa belle-mère avoit été gouvernante des enfants de Henri IV. Son mari fut d’abord premier écuyer de Gaston.

    « François de Paule de Clermont, marquis de Montglat, étoit de l’illustre et ancienne maison de Clermont, originaire d’Anjou, d’où sont sorties les branches de Clermont, de Galerande, d’Amboise, de Saint-Georges et de Resnel. Il étoit chef de la branche de Saint-Georges. Il fut chevalier des ordres du roi, grand-maître de la garde-robe et maréchal de camp. Il mourut le 7 avril l’an 1675. » (Le Père Bougeant, Avertiss. en tête des Mémoires.)

    Bussy, qui fut l’un des amants de madame de Montglat, et, par conséquent, l’un des oppresseurs de M. de Monglat, ne se fait pas faute de rire de ses infortunes.

    « J’attends ici un de ces maris dont la tête n’est pas incommodée des corniches ; ce qu’il y porte va dans le superlatif. Je voudrois bien vous faire connoître le personnage sans vous le nommer. Il n’est pas si beau qu’Astolfe ni que Joconde ; mais, en récompense, il est quatre fois plus malheureux. Ne le connoissez-vous pas à cela ? C’est un mari tout à fait insensible.