Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/36

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fort noirs, longs et épais, la taille belle. Il avoit assez d’esprit ; ce n’étoit pas de ces gens qui brillent dans les conversations, mais il étoit homme de bon sens et d’honneur, quoique naturellement

    du père. C’étoit un très honnête homme et très bon homme, considéré et encore plus aimé. »

    Ce très honnête et très bon homme nous appartient ici. Son frère mourut bien avant lui. Voyez Dangeau. (28 septembre 1688) : « Le comte de Beuvron est mort cette nuit. Il avoit un justaucorps en broderie et des pensions, et avoit été capitaine des gardes de Monsieur. Il avoit depuis deux ans déclaré son mariage avec mademoiselle de Téobon, dont il n’a point d’enfans. » — « Homme liant et doux, ajoute Saint-Simon (t. 3, p. 181), mais qui voulut figurer chez Monsieur, dont il étoit capitaine des gardes, et surtout tirer de l’argent pour se faire riche, en cadet de Normandie fort pauvre. »

    On sait qu’il a été accusé, avec le chevalier de Lorraine et d’Effiat, d’avoir travaillé à l’empoisonnement de Madame. V. La Fayette.

    Sa femme, fille du marquis de Théobon, « étoit une femme (Saint-Simon, t. 3, p. 186) qui avoit beaucoup d’esprit, et qui, à travers de l’humeur et une passion extrême pour le jeu, étoit fort aimable et très bonne et sûre amie. » Elle étoit « originairement huguenote (Journal du marquis de Sourches, t. 2, p. 190), mais, s’étant convertie, avoit été nommée fille d’honneur de la reine ; et, quand on rompit la chambre des filles de la reine, Monsieur la mit auprès de Madame », la seconde Madame, qui l’aima beaucoup. V. ses lettres. Le père des Beuvron avoit épousé, en 1626, Renée d’Espinay, sœur du comte d’Estelan. On disoit de lui :

    Beuvron, espouse-tu
    Saint-Luc, qui tant est belle ?
    Si tu veux estre cocu,
    N’en espouse d’autre qu’elle.
    Ah ! petite brunette,
    Ah ! tu me fais mourir !
    Il étoit lieutenant du roi en Normandie et gouverneur du vieux palais de Rouen (Montpensier, t. 2, p. 177). C’étoit un ami de Racan. « Les enfans de Beuvron, dit Tallemant des Réaux (t. 2, p. 367, de l’édition Paulin Paris), ont plus d’esprit que leur père. » Cet ami de Racan n’étoit donc pas un