Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/379

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Sçavoir si l’on a toujours l’idée présente de son amant ou de sa maîtresse en leur absence.

Lorsque l’on aime extrêmement,
Et qu’on languit dans une absence,
Iris, on songe incessamment
À la cause de sa souffrance ;
Mais, si parfois on s’en dispense
(Si l’on peut citer des dictons),
On en revient bien tôt à ses moutons.

Sçavoir lequel est le plus difficile, de passer de l’amitié à l’amour, ou de retourner de l’amour à l’amitié.

Je tiens qu’il est fort difficile
Quand on a tendrement soupiré plus d’un jour,
De faire à l’amitié retour ;
Mais on n’en voit pas un de mille
D’une longue amitié passer jusqu’à l’amour.

Sçavoir quelle différence il y a de l’amour des hommes à celui des femmes.

L’amour de la maîtresse a de la violence,
Je le sçais par expérience,
Je le pourrois justifier.
Iris, s’il a de la constance,
Je ne dis pas ce que j’en pense ;
Mais vous ne me sçauriez nier
Que l’amant n’aime le dernier.

Sçavoir s’il est vrai que l’amour rend les gens fous.

Vous qui prônez incessamment
Qu’on est fou quand on est amant,