Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/412

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Et, quand l’amour dure sans jouissance,
Je crois que c’est la faute de l’amant.

Sçavoir si l’amour peut durer lorsqu’il n’y a point de jouissance, ou lorsque la brutalité est extrême.

Chacun aime à sa guise,
Adorable Bélise.
L’un veut aimer, mais chastement ;
L’autre, sans s’attacher, veut de l’emportement.
Tous ces gens-là prennent l’amour à gauche
Et lui donnent un méchant tour.
On se lasse à la fin d’espérer nuit et jour,
On se lasse encor plus de la seule débauche ;
Mais il nous faut mêler la débauche à l’amour.

Sçavoir si l’amour se détruit par la jouissance.

Je comprends fort bien qu’un amant
Qui trouve des défauts après la jouissance
Se guérit assez promptement ;
Mais quand un corps bien fait, quand de la complaisance,
Se trouve avec un cœur rempli de passion,
En ce cas la reconnoissance
Se joint à l’inclination,
Et l’on tire de la constance
Une longue possession.

Sçavoir lequel est le plus honnête à une dame, de se retenir ou de se laisser aller à sa passion.

Quand vous aimez passablement,
On vous accuse de folie ;
Quand vous aimez infiniment,