Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/59

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vous étiez capable de quelque tendresse, vous ne me pourriez voir en l’état où je suis sans étouffer de douleur. Mais, Dieu merci, la nature y a mis bon ordre, et, puisque vous pouviez mettre tous les jours

    il la trouve morte, étendue sur son lit, entre les mains des chirurgiens qui pratiquent l’autopsie. Encore une fois, il faut lire Saint-Evremont pour l’amour de Candale.

    Candale, en 1649, avoit failli devenir le neveu de Mazarin. C’étoit une affaire qui paroissoit arrangée (Omer Talon, collect. Michaud, p. 393 ; Motteville, collect. Petitot, t. 4, p. 356) ; mais Condé ne le voulut pas permettre (Voy l’Histoire de Condé de Pierre Coste) : ce fut Conti, le frère de Condé, ce à quoi Condé ne s’attendoit certainement pas, qui épousa mademoiselle Martinozzi. Madame de Motteville (t. 4, p. 78) prétend que Candale travailla à cette conclusion. Cela étonne. Il étoit, du reste, très ardent pour le ministre. En 1651, les Bordelais, moins enthousiastes, brûlèrent son effigie (Voy. la Relation de ce qui s’est passé à Bordeaux, à la prise de trois personnes qui ressembloient au cardinal Mazarin, au duc d’Epernon et à la niepce Mancini). Le petit Tancrède de Rohan passoit pour être de lui, dit Tallemant des Réaux (t. 3, p. 441). On dit que les Mémoires manuscrits du chanoine Favart, de Reims, l’affirment. Qu’est-ce que cela veut dire ? Notre Candale est mort en 1658, à 31 ans, et Tancrède est né en 1630.

    Nous ne voudrions pas paroître rien retrancher de ce qui atteste l’estime des contemporains pour ce roi des galants à panaches. Madame de Motteville (t. 4, p. 422) s’exprime sur son compte d’une façon bien avantageuse : « Le duc de Candale, le premier de la cour en bonne mine, en magnificences et en richesses, celui que tous les hommes envioient et dont toutes les dames galantes souhaitoient de mériter l’estime, si elles n’en pouvoient faire le trophée de leur gloire. »

    Jamais les carrousels et les ballets ne perdirent un cavalier plus magnifique et un danseur plus admirable. Les spectatrices ne perdoient pas un geste du triomphateur. Dès 1648 (ballet du 23 janvier), madame de Motteville fait son éloge. En 1656, au carrousel du Palais-Royal, près le palais Brion, elle enregistre ses hauts faits ; elle le peint (t. 4, p. 371) à la tête de la troisième troupe, qui portoit les couleurs vert et argent ; elle cite sa devise : une massue avec ces mots : « Elle peut même me placer parmi les astres » ; elle vante « sa