Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

agréables et nous tient en des inutilités ennuyeuses au lieu d’établir un véritable repos !

Je ne vous parlerai guère de la beauté de La Haye. Il suffit que les voyageurs en sont charmés après avoir vu les magnificences de Paris et les raretés d’Italie. D’un côté vous allez à la mer par un chemin digne de la grandeur des Romains ; de l’autre vous entrez dans un bois le plus agréable que j’aie vu de toute ma vie ; dans le même lieu vous voyez assez de maisons pour former une grande et superbe ville, assez de bois et d’allées pour former une solitude délicieuse aux heures particulières. On y trouve l’innocence des plaisirs des champs en public, et tout ce que la foule des villes les plus peuplées nous sauroit fournir. Les maisons sont plus libres qu’en France, aux heures destinées à la société ; plus réservées qu’en Italie, lorsqu’une régularité trop exacte fait retirer les étrangers et remet la famille dans un domestique étroit.

Pour dire tout, on diroit des vérités qu’on ne croiroit point ; et par un mouvement secret d’amour-propre, j’aime mieux taire ce que je connois que manquer à être cru de ce que vous ne connoissez pas.