Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/247

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toutes choses qu’il n’y avoit rien de plus charmant que de les lui entendre prononcer ; et Mademoiselle, qui y prenoit un indicible plaisir, l’écoutoit avec une merveilleuse attention. Mais voulant savoir la fin de cette galanterie (car elle prévoyoit bien que c’en étoit une de l’invention de M. de Lauzun), cette princesse impatiente lui demanda : « Que voulez-vous donc dire, monsieur, quand vous me parlez de guerre, et le Roi auroit-il besoin de moi, s’il en avoit le dessein ? Vous seriez bien plus propre à lui rendre service que moi, puisque c’est votre métier. — Il s’en faut bien, Mademoiselle, répondit M. de Lauzun. Ce n’est pas avec des épées et des mousquets que le Roi veut attaquer ce peuple ; il se veut servir de plus douces, mais de plus dangereuses armes ; c’est par le grand éclat et la majesté de sa Cour que le Roi veut éblouir leurs esprits naturellement curieux de choses extraordinaires. Et comme Votre Altesse Royale a plus de charmes que tout le reste ensemble, c’est d’elle aussi qu’il attend le plus grand secours. Oui, Mademoiselle, je puis l’avancer avec justice, que vous seule avez de quoi vaincre agréablement non seulement les esprits les plus grossiers, mais tout le monde ensemble. Enfin, c’est assez dire quand le plus grand Roi du monde vous choisit pour être comme le plus beau et principal instrument qui lui doit assurer ses conquêtes, et lui faciliter le moyen d’en faire d’autres plus grandes. Et si Votre Altesse Royale pouvoit espérer quelque secours étranger et hors d’elle-même pour la faire estimer, cette haute estime que notre glorieux et invincible monarque