Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/293

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Et l’on tient que parmi les simples Tourterelles
    Il a fait de terribles coups,
    Et que son ramage est si doux,
    Qu’il a bien fait des infidelles,
    Et plus encore de jaloux.
Mais qu’est-ce que cela, sinon des bagatelles,
    Au prix du dessein surprenant
    Que se proposoit ce galant ?
  Aussi, quand l’Aigle, chef de la famille,
  Fut averti de cette indigne ardeur,
    Il prévit bien le déshonneur
  Qui résultoit d’alliance si vile.
Ayant donc fait venir nos amans étonnés,
  Il les reprend de s’être abandonnés
Aux mutuels transports d’une égale folie ;
    A l’Aiglonne, de ce que sortie
Du plus illustre oiseau qui vole sous les cieux,
    Elle s’abaisse et se ravale
    Par un choix si peu glorieux,
Et au Moineau sa faute sans égale,
    De ce qu’oubliant le respect,
    Il ose bien lever le bec
    Jusqu’à l’alliance royale.
    Pour conclusion, il leur défend
    De faire jamais nid ensemble,
    Malgré l’amour qui les assemble.
Notre couple, accablé sous un revers si grand,
    À ses commandements se rend,
Quoique ce ne fut pas sans traiter de barbare,
    D’injurieux et de cruel,
    L’ordre prévoyant qui sépare
  Ce qu’unissoit un amour mutuel.
    L’Aiglonne fière et glorieuse
S’élève dans les airs, affligée et honteuse