Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RÉPONSE DU MOINEAU AU PERROQUET.


Ah ! ah ! vous parlez donc, monsieur le Perroquet,
    Et jasez dedans votre cage ?
  À ce qu’on dit, parbleu, vous faites rage.
    D’où vous vient un si grand caquet,
Vous qui depuis longtemps souffrez un esclavage
    Qui doit vous avoir abattu ?
    Dès que je vous ai entendu
À tort et à travers parler d’une autre chose
    Que de celle qu’on vous apprit,
    J’ai bien vu qu’un Perroquet cause
    Sans savoir, souvent ce qu’il dit.
Sachez donc, Perroquet, qu’entre la volatille
Qui reconnoît toujours les Aigles pour ses rois,
Et qui a du respect pour toute leur famille,
    Dont elle exécute les lois,
  Un jeune oiseau dont l’âme est généreuse,
    Grande, belle, et majestueuse,
Qui joint à la vertu la noblesse du sang,
    Peut bien souvent changer d’espèce ;
Son mérite suffit avecque la noblesse,
Pour pouvoir aspirer au plus illustre rang.
    Cent oiseaux autrefois brûlèrent
    Pour des Aigles, et les aimèrent
    Sans l’oser jamais déclarer.
    Ceux-ci ne l’osant espérer,
    Mille oiseaux plus petits l’osèrent,
    Qui pouvoient moins le mériter ;
    Mais, ayant le cœur de tenter,
    Firent si bien tourner la chance,