Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/338

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lui avoit écrit, quoiqu’elle vît bien qu’ils ne pouvoient continuer de se voir comme auparavant sans s’exposer davantage, et qu’il falloit qu’ils s’en privassent pendant un temps. Mais elle fut extrêmement en peine à s’imaginer comment elle le pourroit voir sans que le baron de Villefranche pût en avoir connoissance.

À la place de Bonneville elle avoit pris confiance en une de ses femmes nommée Florence, qu’elle connoissoit être entièrement désintéressée. Elle lui donna un billet pour rendre au chevalier de Fosseuse, par lequel elle lui marqua de se trouver le lendemain en masque à un bal où elle étoit priée.

La joie du chevalier de Fosseuse fut pareille à sa douleur. Cette marque de bonté de madame de Bagneux effaça dans un moment en son esprit tout ce qu’il avoit souffert. Sans examiner ce qui avoit pu produire ce changement, il lui sembla que c’étoit assez de voir ses malheurs finis.

Mais, si le lendemain il sentit d’abord sa joie augmenter voyant madame de Bagneux le recevoir d’une manière tendre, qui le confirma qu’elle avoit reconnu son innocence, il fut étrangement surpris lorsqu’elle lui apprit ce que le baron de Villefranche lui avoit écrit, et ne fut guère moins affligé lorsque ensuite elle lui dit qu’il falloit qu’ils fussent un temps sans se voir. Ayant été privé longtemps de ce bonheur, ce commandement lui fut une nouvelle affliction, outre qu’elle lui parut dans un état de beauté qui lui faisoit trouver ces ordres plus rudes.

Toutefois l’intérêt de madame de Bagneux