Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/374

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quoique l’on soutienne en cachette
Que le tout n’est que pour Branquette,
Dont je donne certificat,
Étant un mets plus délicat,
Plus savoureux et plus d’élite
Pour un prince de ce mérite.
Cependant monsieur de Brancas
Ferme l’œil à tout ce tracas,
Et d’une âme toute pieuse,
Pour mener une vie heureuse
Et libre de tous les chagrins,
Vers le ciel élevant ses mains,
Offre à Dieu tout ce que peut faire
Et la jeune fille et la mère,
Et sans en concevoir de fiel
Reçoit tout comme don du ciel,
Soit qu’il eût à souffrir des princes,
Ou des gouverneurs des provinces,
Des prélats, des abbés, des rois,
Des partisans et des bourgeois.

Voilà mon histoire finie ;
Jugez si dans ma litanie
Ce jeune miracle d’amour
Ne pourra pas entrer un jour.
Vous qui connaissez cette belle,
Contez-lui comme une nouvelle
Tout ce que mon histoire en dit,
Puisque je mourrois de dépit
Si, sans choquer sa modestie,
Elle n’en étoit avertie,
Espérant avoir le bonheur
De lui montrer un jour l’auteur.