Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/386

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Les parens de la princesse de Monaco cachèrent avec grand soin la nature de sa maladie ; mais Monsieur, frère du grand Alcandre, qui avoit eu quelque commerce avec elle, quoique de peu de durée, et qui, pour récompense de ses services et pour ceux qu’elle avoit rendus au chevalier de Lorraine, lui avoit donné la charge de surintendante de la maison de sa femme, eut peur d’être enveloppé dans son malheur. Ainsi il n’eut point de repos jusqu’à ce qu’il eût assemblé quatre personnes des plus habiles dans ce genre de maladie, pour savoir s’il n’y avoit rien à craindre pour lui. Ils l’assurèrent que non, ce qui remit son esprit entièrement et lui fit oublier cette personne, dont il avoit peur de se souvenir malgré lui.

Le grand Alcandre soupçonna l’intrigue de madame de Montespan et de M. de Lauzun, et, comme l’amour entre de plusieurs manières dans le cœur des hommes, la réflexion qu’il fit sur le bonheur de son favori lui fit considérer de plus près qu’il n’avoit fait jusque-là le mérite et la beauté de cette dame. D’ailleurs la possession de madame de La Vallière commençoit à lui donner du dégoût, malheur inséparable des longues possessions. Comme madame de Montespan avoit une attention toute particulière sur la personne du grand Alcandre, elle s’aperçut bientôt à ses regards et à ses actions qu’il n’étoit pas insensible pour elle ; et, comme elle savoit que pour fomenter des sentimens amoureux, la présence est la chose du monde la plus nécessaire, elle fit tout son possible pour s’établir à la cour : ce qu’elle crut pouvoir faire si elle entroit une fois