Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/398

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Cette princesse étoit déjà dans un âge assez avancé ; mais, comme elle étoit extraordinairement riche, et que M. de Lauzun estimoit plus cette qualité et le sang dont elle sortoit que tous les agrémens du corps et de l’esprit, il pria sa sœur de lui continuer ses soins ; et, dans la vue de parvenir à un si grand mariage, il fit mille avances à madame de Montespan, ne doutant pas qu’il n’eût grand besoin de son crédit en cette rencontre.

Car, quoique celui qu’il avoit sur l’esprit de ce prince lui fît présumer beaucoup de choses en sa faveur, comme ce qu’il entreprenoit néanmoins étoit de grande conséquence, il avoit peur qu’il n’y donnât pas les mains si facilement. Ainsi, il songea à le gagner par quelque endroit où il eût intérêt lui-même, ce qu’il fit de cette manière : il dépêcha un gentilhomme en qui il avoit beaucoup de confiance vers le duc de Lorraine, qui étoit dépouillé de ses États, pour lui offrir cinq cent mille livres de rente en fonds de terre pour lui et pour ses héritiers, s’il vouloit lui céder ses droits [1]. Le duc de Lorraine, qui ne voyoit pas grande apparence de pouvoir jamais rentrer dans son bien, goûta cette proposition, d’autant plus que c’étoit un homme à tout faire pour de l’argent, ce qui l’avoit mis en l’état où il étoit. Ainsi, Lauzun, se voyant en état de réussir, en témoigna quelque chose au grand Alcandre, à qui il insinua qu’il lui seroit beaucoup avantageux que

  1. Il n’est nullement question, dans les Mémoires de Mademoiselle, de ce projet qu’auroit eu Lauzun d’acheter le titre et les droits du duc de Lorraine.