Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/429

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à sa personne. Il fut regretté d’ailleurs généralement de tout le monde, excepté de d’Effiat, qui se voyoit délivré par là d’un puissant ennemi. En faisant l’inventaire de ses papiers, on trouva son testament, qu’il avoit fait avant que de partir, dans lequel on fut tout surpris de voir qu’il reconnoissoit le fils qu’il avoit eu de la maréchale pour être à lui, et lui laissoit cinq cent mille francs, en cas qu’il vînt à mourir devant que d’être marié.

Comme cette nouvelle fut bientôt publiée par toute la ville, la maréchale en fut avertie par madame de Bertillac [1], sa bonne amie, qui, en même temps, lui dit de prendre garde qu’elle ne vînt aux oreilles de son mari [2]. La maréchale pensa enrager, voyant que son affaire devenoit ainsi publique ; mais, comme le temps console de tout, elle soutint cela le mieux du monde, et s’accoutuma à la fin à en entendre parler sans en rougir. Le grand Alcandre, sachant que le duc de Longueville avoit un fils de la maréchale, en eut beaucoup de joye ; car, comme il y avoit du rapport entre l’aventure du duc de Longueville et la sienne, je veux dire, comme le fils que ce duc laissoit venoit d’une femme mariée aussi bien que ceux qu’il avoit de madame de

    maréchale d’Uxelles et beaucoup d’autres. Elles vouloient aller en Pologne avec lui. Quand il mourut, elles en portèrent le deuil et témoignèrent une grande douleur. » (Mém., VI, 359.)

  1. Femme de M. de Bertillac, qui servoit alors à l’armée de Hollande. La Gazette parle de lui deux ou trois fois dans des circonstances insignifiantes.
  2. Le secret fut assez exactement gardé, à en croire mademoiselle de Montpensier : « La mère du chevalier de Longueville