Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/465

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fait une partie avec la duchesse de La Ferté pour aller à la foire S.-Germain [1], et que si elle en vouloit être, il les y mèneroit toutes deux un matin, mais qu’il n’en falloit rien dire à son mari ; que la duchesse de La Ferté n’en diroit rien pareillement au sien, et qu’il y avoit des raisons pour cela, qu’il ne lui apprendroit que quand ils seroient à la foire. La duchesse de Foix, sans s’informer autrement de ces raisons-là, accepta la partie, et le jour étant pris pour le lendemain, il la fut prendre dans son carrosse, et fut quérir de là la duchesse de La Ferté, à qui il en dit autant.

Comme ils furent en chemin, quelque chose manqua tout d’un coup au carrosse, et ces deux dames, ayant peur de verser, crièrent au cocher d’arrêter, qui leur obéit aussitôt, tout cela n’étant qu’une pièce faite à la main par Biran, afin de montrer à leurs maris qu’il ne leur avoit rien dit qu’il ne fût sûr d’exécuter. Cependant, ayant donné la main à ces dames, il fît fort de l’empressé, demanda à son cocher ce que c’étoit, et le querella beaucoup en apparence de ce qu’il n’avoit pas fait accommoder son carrosse devant que de sortir. Il dit cependant à ces dames qu’il n’y avoit point d’apparence de demeurer dans la rue ; qu’il connoissoit une bourgeoise tout auprès de là ; qu’il falloit monter chez elle et se reposer, en attendant que le carrosse fût raccommodé.

  1. La foire Saint-Germain avoit le privilége d’attirer toute la cour ; aussi s’y passoit-il souvent des aventures singulières. Loret (Muze historique) en rapporte quelques-unes. On a de Colletet un long poème où il en décrit les merveilles.